Vent d'Est, vent d'Ouest, Pearl Buck

Kwei-Lan vit selon les commandements de ses ancêtres, enseignés par sa mère. Alors c'est très timidement qu'elle accueille l'amour de son mari et sa liberté de pensée est issue de son expatriation en Occident. Cependant, confuse, elle sent son cœur gagné par cet être étrange qui refuse qu'elle se soumette à lui comme le voudrait la tradition, et qui l'encourage à penser par elle-même.
J'ai d'abord pensé que ce livre avait un peu vieilli, puis je me suis laissé embarquer avec ravissement dans la sagesse issue de la culture chinoise dont j'ai découvert les usages. J'ai été étonnée de retrouver ici aussi l'intemporelle difficulté d'accepter un(e) étrangèr(e), surtout quand il s'agit de donner sa chance à un amour naissant. Car c'est de l'histoire de son frère éperdument amoureux de son épouse américaine que Kwei-Lan va tirer les plus grandes leçons. Même si elles doivent remettre en cause celles de sa mère.
Un livre éblouissant de pertinence finalement. 
Quant aux convictions ancestrales, tissées d'un passé bien différent, elles pourraient bien aboutir à des conclusions similaires dans les deux grandes civilisations que sont l'Orient et l'Occident. En tout cas, on sent dans cette histoire une évolution de la place des fils dans les familles qui pourrait être comparable à celle constatée en Occident. Et par voie de conséquence à celle ouverte pour les filles.
Une histoire dense, ouverte sur le monde, qui amène aussi à réfléchir.    

Plus d'une vie à sauver, Cynthia Kali


Karen a décidé de suivre son instinct et son cœur en partant sur l'île de Samos en Grèce, au plus près des réfugiés. Mais ses relations avec les réfugiés et les bénévoles ne sont pas aussi simples qu'elle le pensait. Sa rencontre avec Aïcha, choquée par son infernal voyage, et avec Sidney, aidant soupçonneux, la déstabilise. Cependant, peu à peu, elle trouve le juste milieu entre une implication excessive qui ne lui laisserait que ses yeux pour pleurer, et un détachement total qui l'empêcherait de vivre l'aventure qu'elle s'est choisie.

Je me suis laissé embarquer dans cette histoire qui paraît très proche de la réalité. J'ai aimé connaître les interrogations de ce qui permet de donner les bonnes limites à ce pari osé. Pas facile de trouver de nouvelles ressources dans un univers aussi désespéré que passionné.
Un récit romancé de ce qui est vécu dans les camps tant par les réfugiés que par ceux qui tâchent, avec les moyens qui leur sont donnés, de venir en aide à une misère humaine intolérable.
Un sacré voyage en humanité.

Lola, consultante, Ana Kori

Tout le monde saura que je suis du millénaire dernier (ou un peu longue à la détente) quand je dirai qu'il a fallu que je cherche OMG sur google pour savoir que cet acronyme n'avait rien de commun avec une ONG. J'ai été un peu déconcertée par les références de Lola qui ne me sont pas toujours familières (par exemple quand elle se réfère aux séries phares d'aujourd'hui). Et quand elle critique la fâcheuse tendance de ses collègues à se nourrir d'anglicisme, cela me laisse un peu songeuse au vu du langage qu'elle emploie. Mais peu à peu, je m'y suis retrouvée, dans ses piques bien senties. Je me suis détendue quand George.s a fait référence à Brassens et pas à Clooney. Et puis, j'ai été touchée par cette jeune femme à la vitalité débordante qui tâche de remettre les choses à leur place en se débattant contre les injustices et les faux-semblants. Une forme de courage doublée d'une capacité à la remise en question. Car elle lutte aussi contre ses pulsions. Finalement, j
'ai lu avec plaisir les histoires de cette miss moderne en quête d'authenticité.
L'auteure nous entraîne dans un roman efficace, énergique. Et finalement, j'ai aimé retrouver les célébrités de tous bords et de tout temps qu'elle convoque dans la vie de son héroïne, comme des anges gardiens sur qui elle s'appuie pour faire face à des situations rocambolesques.
Vivifiant.

Adieu Amériques, Catarina Viti

 

Anna fait preuve d'un mélange de résilience et de clairvoyance vis-à-vis de ses parents, avec lesquels elle vit dans une promiscuité difficilement supportable. Son père, Napolitain déchu, est un ingrat qui traite sa femme comme une moins-que-rien. Sa mère se débat dans sa colère, sa bêtise aussi et surtout dans ses difficultés à tenir leur foyer avec des ressources insuffisantes et elle se rend pas compte de l'ascendant de son mari sur elle.
Alors Anna s'accroche à ce qu'elle peut. Un voisin excentrique la sort un temps de sa morosité. Un élève terrible aussi, qui finit par partir...
Il y a eu parfois des longueurs, mais j'ai aimé accompagner cette jeune fille qui se bat pour exister malgré le poids castrateur de ses parents avec son humour, noir parfois, lui permettant de garder la tête hors de l'eau malgré tout. 
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