Les âmes errantes, Cécile Pin


 Fin des années 70, Anh est envoyée par ses propres parents en éclaireuse avec ses deux frères pour gagner Hong Kong afin de fuir le régime vietnamien après la guerre. Elle n'est qu'une enfant qui doit soudain prendre en charge ses frères, car le reste de la famille n'arrive pas à bon port. Elle doit faire des choix et en réaction à la colère qu'elle éprouve contre la décision unilatérale de son père, elle opte pour l'Angleterre plutôt que les Etats Unis, où se trouve l'oncle à l'origine de leur exode. Mine de rien, même si c'est toujours insuffisant, nous voyons alors les organisations internationales à l'œuvre, qui s'affairent pour donner de nouvelles chances, infimes certes au regard de l'immensité du malheur des exilés.

En parallèle, d'autres bribes de récits - documentaires ou autres narrations - s'intercalent. J'ai aimé ce procédé qui permet d'absorber le choc de l'horreur qui nous est racontée, même si j'ai été un peu déroutée. L'auteur nous fournit ainsi des informations ou offre des digressions opportunes qui permettent par ailleurs d'étayer le récit. Peu à peu nous parcourons une vie, les circonstances du drames également, et nous découvrons comment ces déracinés souffrent, gardent les stigmates de leur passé, mais aussi se reconstruisent.  Et nous saisissons quelque chose de la culture vietnamienne.

J'ai aimé ce parcours non-linéaire, enrichissant et touchant.



Le livre de Neige, Olivier Liron


 En nous glissant les mots d'espagnol qui échappent encore à sa famille exilée d'Espagne, l'auteur nous livre le cœur de ses origines un peu comme son prénom Olivier, qui puise sa vitalité dans la nature brute de la péninsule ibérique.

Maria Nieves, prise d'abord dans la tourmente franquiste qui l'éloigne de la religion, subit ensuite les affres de l'exil voire du racisme ordinaire en émigrant en France. Mais son obstination lui permet de se glisser dans la société française et lui vaut l'admiration de son fils. 
Étudiant l'espagnol comme une gourmandise quotidienne, je me suis régalée en découvrant l'écrit personnel et fondateur de cet écrivain. Il transcende avec art une réalité qu'il habite.

Rose, sous-titré : me trouver sans te perdre, Sylvie Etient


 Rose réinvente sa vie. Un condensé d'humour féminin, même si les personnages masculins jouent un beau rôle avec le mari de toujours et encore malgré les années, ou le jeune introverti qui s'ouvre au contact de la nature.

Entre vie parisienne assumée et essais balbutiants dans une campagne vinicole, l'héroïne s'offre des transitions vers une autre façon d'exister, en prenant des risques inouïs : perdre son mari pour mieux le retrouver, troquer son confort contre une vie sans fard - loin de l'effervescence de la capitale dans laquelle elle a baigné avec reconnaissance -, se réfugier chez Gaïa, irascible paysanne (qui fait de la décroissance son credo), écrire l'histoire tordue d'un fait divers de ses dossiers d'avocate pour se lancer dans le monde si restreint des publications romanesques.
J'ai aimé la détermination fantasque de Rose, son ingénuité et son altruisme déguisé.
Une tranche de vie réjouissante et réfléchie à la fois, qui pourrait bien ouvrir de nouvelles voies pour penser sa vie.
Sylvie Étient poursuit ses écritures avec un roman jubilatoire à la hauteur de ses autres publications, piochant dans son ancienne activité d'avocate et s'ouvrant aux découvertes après une vie de citadine.
À découvrir !

En attendant l'arc-en-ciel, Nadine Deconinck-Cabelduc




 Marie a été traumatisée par la mort de sa sœur, mais le jour où elle pourrait décharger sa hargne contre celui qu'elle croit coupable, elle se laisse désarçonner par son flegme. De surcroît, femme mariée au bord du divorce, elle succombe à l'emballement de ses sens. Mais l'important est de recomposer sa vie pour ses deux enfants, notamment pour son fils handicapé. 

Pour moi, le plus beau est son dévouement à son enfant qui continue de faire des progrès, imperceptibles – mais qui comptent tellement  et son histoire d'amour, touchante, est la cerise sur le gâteau. Le retournement permet de donner des explications qui apportent une satisfaction, et termine bien l'histoire, même s'il apporte un pathos supplémentaire un peu excessif à mon goût. Certes, la réalité dépasse parfois la fiction et le malheur se montre parfois opiniâtre...

Quoi qu'il en soit, j'ai aimé suivre ce personnage qui mérite bien sa part de bonheur.
Une belle lecture.

Tombée du ciel, Alex Saeba


 Olivier Arnaud et sœur Marie-Thérèse se rencontrent après le crash d'un avion pour protéger Elora, une petite fille retrouvée dans un arbre sans souvenir de son passé. Les liens tout en retenue qui se tissent entre ces deux personnages autour de la fillette, nous entraînent dans une intrigue policière avec ses boucs émissaires et ses intrigants, mais aussi dans le quotidien d'un engagement à Dieu ou à la gendarmerie.

L'autrice a choisi de placer son roman dans une histoire originale entre des protagonistes émouvants. J'aurais aimé connaître un peu plus l'avenir du trio, mais j'ai pris plaisir à lire cette romance policière. 
De bons ingrédients pour un divertissement qui nous amène à réfléchir sur le thème de l'engagement et de la parentalité.
À découvrir !

Chronique Mélinda Schilge


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