Burundi, limitrophe du Rwanda, d'où vient sa mère ; Gaby est aussi français et pense que, lui et sa sœur Ana, ne sont pas concernés par le racisme entre Hutus et Tutsis, aussi absurde que l'importance que l'on accroche à la forme d'un nez. Lorsque les premières élections démocratiques ont lieu, il croit que c'est un espoir pour son pays. Il surprend avec étonnement une mise en garde de son père qui pressent que cet affront va se payer. Insouciant, il continue de grandir dans l'impasse, le terrain jeu qu'il occupe avec les voisins de son âge, Gino, Armand et les jumeaux.
Peu de descriptions, c'est l'ambiance, orageuse, que l'auteur essaie de capter. L'infamie des massacres finit par rattraper l'enfant, en particulier quand sa mère retourne au Rwanda pour retrouver ses cousins, sa tante, son oncle, après le génocide des Tutsis. Tout bascule. L'horreur traverse la frontière, vient jusque chez lui, entre ses amis. On ne sait plus où sont les limites.
Lorsque sa mère revient, enfin, elle est complètement différente, comme sortie d'un autre monde dont elle ne peut plus s'extirper.
Pour survivre dans ce monde désespérant, Gaby, se raccroche à l'amour platonique qu'il voue à Laure, une correspondante épistolaire, mais aussi à l'émotion qu'il tire de la lecture grâce à la bienveillance une voisine grecque, et à ce qu'il reste de ses amitiés d'enfance, broyées par un esprit de vengeance.
L'auteur distille d'abord son admiration pour son pays avant de nous entraîner, avec douceur, à garder les yeux ouverts devant cette chose incroyable qu'est la haine raciste. On gardera en mémoire la force de la jeunesse face à l'inacceptable. La vie demeure, envers et contre tout.