Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julia Otsuka

Plongée dans l'horreur à leur arrivée aux États-Unis, des promises japonaises tentent de trouver dans l'accomplissement de leur mariage une raison de vivre.
En distillant des détails de ces existences laborieuses et déracinées, l'auteure brosse le portrait d'une tragédie tombée dans l'oubli. Fidèles à leurs croyances, ces femmes construisent tant bien que mal une intégration fragile. Cependant, nous détectons parfois un accomplissement inattendu, une joie fugace dans ces parcours chaotiques qui tentent d'arracher un peu de bonheur à leur destinée.
La somme de ces riens, grâce à leur authenticité, brode une histoire dont le fil rouge tient à un courage contraint, mais... beau, par son acharnement.

Dans la forêt, Jean Hegland

Deux sœurs, qui s'aiment et qui s'opposent dans un environnement hostile, le monde qui s'éteint ; une forêt, un jardin, deux poules et une maison comme seules ressources...

Que restera-t-il de cette humanité réduite à l'essentiel ?
L'encyclopédie s'épuise, les sentiments s'érodent et repartent au rythme d'événements effrayants, il est de plus en plus difficile de trouver des solutions. Mais l'auteure ne manque pas d'imagination.

La fin est étonnante, un peu trop pour moi, elle est cependant à la mesure de ce roman, précis, évolutif et entraînant.

Orgueil et préjugés, Jane Austen

Il pourrait paraître inconvenant de disserter sur les amours de ces personnes bien nées, quand il n'est jamais fait mention du personnel qui les sert, si ce n'est la honte qui s'est abattu sur un homme en détroussant une jeune bonne. Cependant, dans cet univers clos, l'amour est attendu, examiné, reçu avec un soin particulier. On s'émeut du sentiment partagé spontanément, de celui qui grandit une fois les mensonges éconduits, de celui qui s'établit contre toute attente, de celui, qui, non partagé en réalité, conduit à bien des désordres. L'orgueil en est son principal ennemi. Quand il est cultivé avec déraison, il confine au ridicule ou au drame ; dépassé, il apporte ses lettres de noblesse au sentiment amoureux.
L'auteure explore méthodiquement son sujet, je me suis parfois ennuyée, j'ai fini par y trouver le sentiment d'un travail accompli. Les personnages nous livre l'histoire de leur mariage, avec leurs joies et leurs peines, aboutissant à des unions souvent vertueuses malgré leurs errements.

Nous danserons encore sous la pluie, Valérie Bel

Marie et Damien se sont perdus : l'amnésie de Damien, suivie de sa reconstruction silencieuse et solitaire, les a rendus étrangers l'un à l'autre.
La force du désir va faire resurgir des sentiments enfouis. Si cette histoire est légère, grâce à des stratagèmes amoureux imaginatifs, elle m'a touchée par ses déclenchements mystérieux, par l'indéfectible volonté de l'héroïne qui, au fond de ses errements, a su trouver un signe qui l'a remise sur les rails.

Un funambule sur le sable, Gilles marchand

Imaginez quelqu'un qui a un violon dans la tête. Ne cherchez pas à en savoir plus, inutile de parler d'archet, de caisse de résonance, ne cherchez pas si c'est possible... Vous y êtes ? pas tout à fait ?
Allez, quelques chapitres et vous l'admettrez : Stradi a un violon dans la tête, point barre. Un violon qui n'en fait qu'à sa tête, de surcroît... enfin, façon de parler.

Une fois cette hypothèse digérée, alors vous serez prêt à tout, et vous vous laisserez emporter par la poésie de l'auteur, l'histoire de Stradi vous emmènera aux confins du quotidien, dans ses encornures, drôles et dramatiques à la fois. Ici, il est question de la différence, celle que l'on ne comprend pas, mais avec laquelle il faut composer... La vie quoi.

Un bijou, précieux et léger à la fois

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