A l'Ouest rien de nouveau, Erich Maria remarque

La faim, les corps à corps à la baïonnette ou au couteau, les rats, la peur, la compassion pour les nouvelles recrues qui vont mourir en premier, les corps déchiquetés, les derniers râles...
Ce soldat ne nous épargne rien et pourtant, on continue à le suivre dans cette vie précaire, abasourdi de le voir continuer, encore, contraint mais solidaire aussi.

Ce soldat, il est Allemand, et il subit les ordres.
Comme ses ennemis.
La prise de conscience est insidieuse, mais en vivant avec Paul, avec ses peurs, ses soulagements, ses tristesses, ses revanches, ses compassions, ses questions, on comprend à quel point... la guerre est absurde, et destructrice. Seule la camaraderie, poussée à son plus beau degré, offre une lumière indéfectible dans ce charnier innommable.

Grâce et dénuement, Alice Ferney

Angeline, la vieille gitane, a inculqué la fierté à ses quatre fils. D'une pauvreté extrême, ils ne quémanderont pas et mettront au centre de leurs préoccupations : leurs familles, celles qui ont fondé pour trois d'entre eux, et celle qu'ils forment avec leur mère, qu'ils ne sont pas prêts de quitter.
Dans ce huit-clos surgit un élément extérieur, Esther, la bibliothécaire qui se propose de lire des livres aux enfants. Comme toute personne non gitane, elle est une "gadgé" pour eux. Très vite, elle apparaît cependant comme un souffle d'air frais dans leur tourmente, même pour Angeline, qui s'adresse à elle en parlant de "ma fille".
Le thème principal est l'apprentissage de la lecture, l'ouverture aux autres, mais l'auteure interroge aussi sur l'enfermement... ou la ressource, que constitue la famille, suivant les situations et les personnes.
Tout en se plongeant dans la vie des gitans, ce livre questionne sur des ressentis universels, sur le thème de la culture et la famille, deux univers qui ouvrent des portes et laissent aussi certains de côté. 
Magistral.

Messages les plus consultés