Juste puni, Anaïs W.


Vu les bandeaux s'affichant autour de ce livre à succès, je craignais que son histoire soit une tragédie qui joue un peu trop avec mes sentiments. Certes, il est douloureux d'imaginer qu'un être vivant puisse subir autant de sévices : Mathieu est un adolescent battu par son père depuis dix ans. Mais l'auteure décrit aussi les mécanismes du déni, puis ceux de la résilience, devenue possible avec l'aide d'amis compréhensifs... jusqu'au point d'accepter de rentrer dans son jeu pipé.
Finalement, l'auteure refuse la facilité, mais elle offre à son personnage des issues de secours. Reste à savoir quand il va accepter de les emprunter.
Poignant : on souffre avec Mathieu et on désire qu'il s'en sorte tout autant que ses amis, Amory, lycéen, Paul, son père, qui s'investit avec délicatesse et Amandine, que Mathieu a rencontré quelques années auparavant.

L'école du lac, Florence Roche

 

Avec Garance, jeune instituteur citadin et républicain des années vingt, fraîchement arrivé dans un univers inconnu de lui, nous découvrons une campagne préservée, enclavée aussi. Qu'à cela ne tienne, le jeune homme dépoussière sa classe, et se bat pour que ses élèves puissent bénéficier de leur scolarité.
Dès son arrivée, il est ému aussi par une femme fragilisée par le deuil de son frère, dont il accueille le fils, un enfant bien différent des autres.

L'auteure nous délivre un livre parfaitement équilibré : un décor historique, des contingences issues d'un milieu socio-économique, rude et chaleureux à la fois, du suspense avec un scénario aux multiples rebondissements, une romance qui s'établit peu à peu et des paysages champêtres. J'ai aimé aussi la construction avec un narrateur omniscient qui parfois laisse la place à l'introspection inquiète d'une femme qui ne sait plus si elle est folle ou pas.

Une belle lecture.

Je suis Jeanne Hébuterne, Olivia Elkaim

 


L'histoire de Jeanne Hébuterne, happée par Modigliani, est une tragédie tellement inexorable qu'il est difficile d'imaginer ce que l'on peut en garder.

On retrouve le thème de la faute qui pèse plus lourd sur la femme et compromet l'honneur de sa famille.
On est impressionnée par cette quête de liberté au travers d'une passion impérieuse.
On peut cependant être touché par le personnage de sa mère qui, sans jamais renier ses principes, soutient sa fille (autant que faire se peut) envers et contre tout.
Un livre qui embarque au cœur d'une époque et fait découvrir des facettes tyranniques de la flamme artistique.

Tu as promis que tu vivrais pour moi, Carène Ponte


 

Molly a un travail, un petit-ami, des parents pas trop loin, quand sa meilleure amie, Marie, décède.

Il lui faut remonter la pente, et pour cela, elle peut compter sur les extravagances que Marie aura laissé pour elle : des défis qui vont peu à peu changer sa vie.
Je n'ai pas été très étonnée de ce parcours qui se devine au fur et à mesure. Cependant, pour moi, ce roman est une ode à l'amitié, avec ses douleurs et ses rires, ses excès et ses imperfections. 
Un livre facile à lire, une bonne détente !

La route, Cormac Mc Carthy

 


« D'accord. » 
C'est le leitmotiv de l'enfant, figure de l'innocence de ce road-trip insensé où un homme et son fils traversent un pays dévasté.

Le rythme est haletant. Il faut fuir, toujours et encore. Survivre, malgré tout.
Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre. Une sorte d'OVNI qui navigue à vue. Une performance. C'est bien écrit. Est-ce une fable où l'enfant est garant des codes moraux d'une société en décrépitude ?

Les lions du panshir, Ken follett


Ellis et Jane donnent deux images de l'Afghanistan. Ellis nous dévoile les enjeux d'un combat contre les Russes et l'opiniâtreté des Afghans à défendre leur terre. En vivant auprès d'eux en temps que soignante, Jane nous montre leur pauvreté et leur hospitalité.

J'ai découvert ce pays à travers l'écriture d'un roman et celui de Ken Follett m'a aidée à m'immerger un peu plus dans l'histoire tragique de ce pays, surtout quand on sait comment elle s'est poursuivie.

J'ai apprécié aussi l'idylle qui se construit dans cet univers aride. Les questionnements de deux personnages, bien différents, sont humains.

Il me semble que l'auteur a été audacieux en plongeant dans ce contexte complexe et il a tiré une histoire permettant de mieux comprendre ce pays (en choisissant de plus un passage où Massoud a redonné espoir à son peuple) et de voyager dans ses paysages lunaires et escarpés.

Salsa picante, Jean Ducreux


Nacho et son épouse MaCa (Marie-Caroline) sont deux personnages extravagants et forment un couple détonnant. Lui, a trouvé un fond de commerce juteux dans les aventures extra-conjugales qu'il traque en temps que détective privé ; elle, porte haut sa particule dans leur quartier hyper-catholique d'Ainay. Mais l'interpellation de MaCa dans le cadre d'une enquête sur un meurtre dont la victime leur est connu bouleverse leur quotidien de famille nombreuse - sept enfants et un chien, excusez du peu (car oui, le chien est considéré comme un membre de leur famille...). 

Nacho va alors s'engager dans une enquête bien particulière, collaborant plus ou moins avec un commissaire plus fin qu'il n'y paraît, tout en tâchant de protéger son couple malgré des rebondissements pour le moins inattendus. 
Jean Ducreux nous entraîne dans les tribulations de ce détective privé qui nous livrent ses réflexions décalées et une sensibilité à peine cachée derrière un humour immuable. J'ai aimé suivre ce personnage croustillant, animé des sages devises de son grand-père canarien, qui nous transportent dans Lyon et ses environs - balade que j'ai particulièrement appréciée étant Lyonnaise moi-même.
Des références hispaniques donnent une coloration réjouissante au texte. Et l'intrigue est complexe à souhait avec des affreux de tous horizons qui gardent - parfois - un peu d'humanité et des héros ordinaires touchants avec des personnalités bien campés. 

Chapeau bas.

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