Un quelque part entre deux gares, Dominique Dejob


Partir sans même dire au revoir. Et recommencer.
Combien d'entre nous se sont retrouvés à la lisière de ce désir ?

Ce roman est une mise en abyme d'une pulsion probablement commune, dont l'auteur explore la difficile mise en œuvre - car on a du mal à croire que cela puisse être une solution de facilité quand bien même ce serait une fuite.
En toile de fond, une mère maltraitante, mais pas que : Violaine ne peut pas la haïr tout à fait, même si son enfance malheureuse a creusé un tel vide en elle qu'elle ne se sent plus capable d'avoir des relations authentiques avec son mari, sa fille et ses amis - qu'elle chérit pourtant.

Et dans ce périple, le plus ardu est de devoir mentir à ceux qu'elle rencontre, compromettant tout nouveau départ. Peut-être aussi d'habiter une personne factice : la nouvelle Alice ne se reconnaît pas elle-même dans sa nouvelle identité.

L'auteure nous propose un retournement qui pourrait rendre possible des retrouvailles, sans pour autant, là encore, sombrer dans la facilité.
J'ai été touchée par la douleur de Violaine qui a pris conscience peu à peu qu'elle devait remettre en question les agissements de sa mère vis-à-vis d'elle-même et par le trouble d'Alice qui ne sait plus comment retrouver une certaine authenticité après avoir tenté d'arracher les racines la ramenant à son origine sordide. Ce roman n'apporte pas de réponses et c'est tant mieux. Il donne des pistes. Offre de compatir à l'inacceptable, autant que possible. Et condamne l'horrible négligence de parents incapables d'assumer qu'ils puissent être l'unique père, mère, d'un enfant qui ne pourra pas faire l'économie de ses racines.

Un ange dans la tourmente, Alain Léonard


 La première guerre mondiale fait rage. Mais d'une rage factuelle, désespérante, pour les infirmières et les médecins qui ont choisi de prendre en charge les blessés du front. Aurélia est de ceux-là. Pour elle, ce n'est pas une vocation et elle ne connaît pas grand chose au métier quand elle se présente à la recherche de son frère disparu. Mais elle l'assume avec courage, surtout quand il s'agit de seconder un chirurgien dont elle se rapproche imperceptiblement au fil des interventions.

Une belle fresque historique accompagnée d'une histoire d'amour. On s'attache aux personnages. Et on a envie de connaître le destin de cette famille déchirée par le départ du fils et frère dans une guerre impitoyable.


L'indé Panda n°12


 Ici vous rencontrerez un couple qui s'installe dans l'histoire d'une maison qu'ils ont acquise, une fillette qui traverse avec un courage extrême l'un des pan les plus détestables de la seconde guerre mondiale, un vétéran qui veut rendre hommage coûte que coûte, une autre fillette sauvée par une maison imaginaire ou pas, une future mariée qui retrouve son ancien amant mort - le temps de faire son deuil, un barbotage bucolique pour des enfants issus d'un monde aux technologies étranges, le récit grinçant d'un homme pris dans les filets d'une entreprise sans âme, un autre mettant en scène un étrange mélomane empêtré lui dans l'appât du gain et de la gloire, et celui d'une danseuse valeureuse qui accède à une gloire méritée. 
Voilà un assortiment de nouvelles de qualité, permettant de naviguer dans des univers et des genres d'une grande diversité.

Astro Ghost : Le fantôme de l'astroballe, Jean Ducreux

 

Si je plagiais les dialogues du film Amadeus, où l'empereur s'adressant à Mozart lui dit qu'il y a trop de notes dans sa musique, je dirais qu'il y a pléthore de personnages autour du Moineau. Ça piaille et ça surgit de tous les horizons. Ce monde cosmopolite nous entraîne dans une ronde insatiable où le tempo est donné par l'humour mi-figue mi-raisin de Nacho et on y retourne avec plaisir.

Dans ce tome trois, une fois n'est pas coutume, nous pénétrons dans un haut-lieu sportif où plane une menace mystérieuse, provoquant des dégâts dignes d'un film catastrophe. Du côté du couple, la situation se complique aussi, mais les scènes familiales sont toujours aussi réjouissantes.
Bref, un dernier (?) tome dans la même veine que les deux premiers, mais avec une dimension un peu plus ésotérique, et sensuelle parfois aussi.

Laissez-vous embarquer dans ce monde bouillonnant où l'humour côtoie les dénouements les plus inattendus !

Maniketisch, Naomi Fontaine


Quel étonnement de découvrir la richesse de l'enseignement du français jusque dans cette communauté innue perdue dans le Nord québécois. Perdue... par son éloignement et par le peu d'espoir qu'elle offre à ses jeunes qui pourtant s'accrochent tant bien que mal à cette ouverture.

Yammie, professeure de français, prend le risque de rentrer chez elle pour leur donner une chance, en laissant son compagnon derrière elle.

À la fois témoignage et roman quand on s'attache à tel ou tel personnage, cet écrit venu d'un bout du monde est divertissant... et poignant aussi.

Là où l'ombre ne nous rattrapera pas, Elise Picker


 L'amour comme une vague qui chavire sans prévenir quand elle arrive et qui emporte tout lorsque des quiproquos remettent en cause la fragile construction d'une relation clandestine.

C'est ce que vivent Solveig et Maxime au gré d'une rencontre entre deux trains, heureux hasard puis déchirement.
Ces deux jeunes adultes sont touchants dans leurs quêtes de bonheur, leurs interrogations et leurs maladresses. J'ai aimé aussi leurs façon de se découvrir, découverte charnelle, mais également partages à distance avec les mots.
Une romance qui tient en haleine, avec un dénouement qui sait se faire attendre.

Messages les plus consultés