Un quelque part entre deux gares, Dominique Dejob


Partir sans même dire au revoir. Et recommencer.
Combien d'entre nous se sont retrouvés à la lisière de ce désir ?

Ce roman est une mise en abyme d'une pulsion probablement commune, dont l'auteur explore la difficile mise en œuvre - car on a du mal à croire que cela puisse être une solution de facilité quand bien même ce serait une fuite.
En toile de fond, une mère maltraitante, mais pas que : Violaine ne peut pas la haïr tout à fait, même si son enfance malheureuse a creusé un tel vide en elle qu'elle ne se sent plus capable d'avoir des relations authentiques avec son mari, sa fille et ses amis - qu'elle chérit pourtant.

Et dans ce périple, le plus ardu est de devoir mentir à ceux qu'elle rencontre, compromettant tout nouveau départ. Peut-être aussi d'habiter une personne factice : la nouvelle Alice ne se reconnaît pas elle-même dans sa nouvelle identité.

L'auteure nous propose un retournement qui pourrait rendre possible des retrouvailles, sans pour autant, là encore, sombrer dans la facilité.
J'ai été touchée par la douleur de Violaine qui a pris conscience peu à peu qu'elle devait remettre en question les agissements de sa mère vis-à-vis d'elle-même et par le trouble d'Alice qui ne sait plus comment retrouver une certaine authenticité après avoir tenté d'arracher les racines la ramenant à son origine sordide. Ce roman n'apporte pas de réponses et c'est tant mieux. Il donne des pistes. Offre de compatir à l'inacceptable, autant que possible. Et condamne l'horrible négligence de parents incapables d'assumer qu'ils puissent être l'unique père, mère, d'un enfant qui ne pourra pas faire l'économie de ses racines.

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