Alors que nous sommes saisis par un mélange de dégoût et de compassion devant la souffrance et la mutilation infligées au corps d'Édouard, ce dernier renaît grâce au regard d'une enfant et se lance dans un stratagème lui permettant de profiter enfin de l'élan de générosité d'après-guerre. Son ami dévoué, Albert, terrifié devant l'envergure du machiavélique complot n'a cependant pas le cœur de lui refuser son aide.
Comble de l'horreur, le lieutenant à l'origine de la déchéance de ces deux soldats conspire de son côté pour tirer profit du rapatriement des corps tombés pour la France vers les familles éplorées.
L'emploi répété de coïncidences qui, certes, amplifient l'élan dramatique m'a laissé un peu dubitative mais le style alerte et soigné de l'auteur m'a entraînée (avec brio) dans les coulisses de machinations, où l’appât du gain nourrit l'imagination de deux êtres malins. Des personnages se dessinent ; l'auteur en explore les zones d'ombre, les peurs et les courages insensés, mais aussi les petitesses.
Il n'oublie pas les personnages secondaires : consternants, ridicules et pourtant...
L'écriture est évocatrice et poétique. Sans lyrisme inutile, elle vise juste.