L'histoire de Carie, Américaine expatriée en Chine pour suivre la mission évangélique de son mari, pourrait sembler être une fiction tant elle est parsemée de malheurs et d'abnégation. En réalité, l'auteure est la narratrice très discrète, presque cachée, de la biographie de sa propre mère.
Consolation raconte, à travers ses souvenirs d'enfant et les récits qu'on lui a rapporté. Carie est décrite comme un personnage haut en couleur. Elle a franchi un océan par devoir envers son mari, Andrew, droit et froid, et par désir d’interpeller Dieu, dont elle regrette l'absence dans sa vie. De cette relation avec cet homme, on n'en sait pas grand chose, sinon les naissances d'enfants, nombreux, qui meurent parfois, une épreuve intolérable pour la jeune femme qui avait enfin découvert la vie à travers eux. Néanmoins, elle continue de se donner, chaleureusement, aux plus miséreux de son pays d'adoption.
Ce roman nous apporte une image de la condition de la femme occidentale à la fin du XIXième, sensée vivre dans l'ombre d'un mari, même s'il est souvent absent et pris dans des idéaux absolutistes. Il nous offre aussi une peinture d'une Chine parfois brutale mais aussi ouverte à la main tendue de cette femme courageuse qui refuse de se cantonner à la bonne tenue de son foyer. Cependant, si elle perçoit l'humanité qui la lie à ce peuple de moins en moins étranger, Carie défend aussi avec force les valeurs de l'Amérique dont elle entretient le souvenir auprès de ses enfants.
De ce livre, je retiens la tristesse de ces absolus non vécus comme ces missions religieuses inflexibles ou ce mariage non partagé, mais aussi l'engouement de la découverte des autres, en particulier de ceux qui nous sont différents qui permettent une communion plus vraie, et belle.