L'arménien, Carl Pineau

Bertrand est un sale type : fêtard, dealer, avide de sexe à la sauvette ; il ne rend jamais visite à sa famille. Et pourtant, on a envie de le suivre dans la réminiscence de ses souvenirs lorsqu'il évoque son ami, Luc, dont il pleure la disparition. Peut-être parce Luc, lui, avait de la classe : cultivé, il respectait la gent féminine - dans une certaine mesure -, et lui venait en aide, parfois ; et il semblait chercher sa famille, lui l'Arménien, qui a tout perdu le jour où il s'est retrouvé seul en France après un règlement de compte. Peut-être aussi parce que Bertrand nous fait entrevoir malgré tout des sentiments authentiques vis à vis de son ami, et de Sandrine, qui est devenu sa femme.
Françoise, elle, est une femme respectable, psychiatre, mesurée. Elle soutient Diane, la tante de Luc, au-delà de ce que lui dicte ses fonctions. Elle a pris en charge l'enfant arménien : une exception ; normalement, elle ne soigne que les adultes.
À travers leur souvenirs, les deux protagonistes nous tissent le passé du défunt ; Greg, le policier, lui mène l'enquête dans le présent. L'ensemble crée un style cohérent et éclectique à la fois.
Le récit donne une image ambivalente de Luc et des milieux de Nantes, et nous entraîne dans un policier prenant : les personnages qui entouraient l'étranger venaient de tous bords, un peu comme s'il avait fédéré des membres de la partie obscure et des représentants des pôles respectables de cette ville, plus animée qu'on pourrait le croire...

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