Les passants de Lisbonne, Philippe Besson

Entre Hélène et Mathieu ne peut se loger aucun désir, et pourtant, ils cheminent ensemble, le temps de se dire leur désarroi face à une absence qui les ronge.
Elle est trop réservée, il est trop volage, ils ont chacun leur façon de se se protéger de leur malheur.
Une connivence s'établit dans la moiteur d'un été sans lendemain. Réfugiés ou exilés à Lisbonne, ils se portent l'un l'autre un réconfort inattendu.

Un livre court d'une aventure banale, réconfortante, dans l'immensité des souffrances dont chacun pourrait se penser l'unique dépositaire. L'auteur décrit sans complaisance des personnages de l'ordinaire jusqu'à dénicher ce qui les rapproche.

La route de Savannah winds, Tamara McKinley

Difficile, de prime abord, de s'identifier à Fleur, 'pretty woman' digne des héroïnes new-yorkaises, qui, de surcroît, se voit attribuer un héritage mirobolant. Difficile aussi pour moi de rentrer dans les journaux intimes de sa tante qui subitement prennent vie, d'autres apprécieront cette hardiesse.

Cependant, cette femme qui découvre son passé et exprime son désir d'enfant, tout en affrontant un père abject, stimule d'emblée notre curiosité. Une famille recomposée en souffrance, une maison idyllique au calme, l'âpreté d'un ranch isolé... achèvent de nous ancrer dans une histoire qui se déroule naturellement. Les personnages sont hauts en couleur, et l'Australie nous révèlent des paysages grandioses. Les sœurs et le mari, pris eux aussi dans des engrenages, donnent un suspense supplémentaire ; une aura mystérieuse est donnée par l'ombre bienveillante de la tante donatrice, et de Sam, son mari. Et le journal permet d'enrichissantes parenthèses historiques.

Finalement, je n'ai pas lâché ce roman, et j'ai trouvé que la chute lui offrait une belle conclusion, tout en douceur.

Bakhita, Véronique Olmi


C'est une voix rauque qui vient des entrailles de la terre,
De l'Afrique, où la vie est simple, heureuse, puis soudain, sordide,
Du ventre de la mère, qui protège et compatit, et qui se donne toute entière.

« Je suis ta servante. »
Véronique Olmi nous dit le don ultime qu'est Bakhita, qui pourtant n'a rien, même plus le souvenir de son propre prénom,
Ou plutôt si... qui n'a rien que la réminiscence de l'amour de sa mère, de son père et l'espoir de retrouver sa grande sœur enlevée comme elle,
Et qui se donne à Dieu, « le patron », elle, l'esclave qui sait le malheur, la misère et qui aime mieux que personne.

L'auteure a ces phrases incisives qui pénètrent le mystère de la foi de cette Africaine, noire, renaissant de ses cendres en Italie, après avoir survécu enfant, arrachée à ses parents, dans la fange esclavagiste du Soudan. On descend en enfer avant de se laisser porter par cette humilité, cette volonté étonnante.

Sublime !

Dans les angles morts, Elizabeth Brundage

Un suicide et un meurtre dans la même maison.
L'auteure remonte dans le temps, dans les chemins sinueux qu'ont emprunté George et Catherine, les nouveaux occupants, avant le deuxième drame... Les frères orphelins qui avaient résidé ici sont venus leur prêter main forte. Était-ce une bonne idée ?
George et Catherine ont vécu New York auparavant. Comment ces ex-citadins se sont-ils s'accommodés de cette modeste bourgade ? Quel rôle jouait leur petite fille dans ce couple étrange ?

L'auteure tisse une toile autour de ce meurtre dramatique, on semble s'égarer, on s'imprègne en fait des psychologies des personnages.
Un roman qui explore avec finesse les zones d'ombre, mais aussi les courages des différents acteurs de cette histoire complexe.

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