La collectionneuse de ciel, Cynthia Kafka

Louise a des amies fidèles et entrepreneuses ainsi qu'un compagnon prêt à lui offrir la stabilité. Voyageuse mais fragile aussi, elle est en quête d'authenticité. Elle affronte ses peurs avec courage - celle de prendre l'avion notamment -, tout en s'autorisant des libertés qui la mettent dans des situations inextricables.

Quand elle rencontre Romain, elle est sensible à sa franchise, à son charme, et à sa douceur aussi parfois, et ne peut pas résister à l'envie de faire un petit bout de chemin avec lui malgré l'engagement qu'elle veut prendre avec son compagnon.
J'ai aimé la fraîcheur et l'humour de Louise. Et ses échanges avec ses amies sont croustillants. Un bon moment de détente.

Impact, Olivier Norek


Véritable plaidoyer écologique, Impact ratisse large. Olivier Norek rapporte de nombreux faits inquiétants et brosse un tableau alarmiste de la situation. Il réussit brillamment à rendre le méchant touchant : on lui donnerait le bon dieu sans confession, à ce père endeuillé. Côté police, on retrouve des personnages avec des failles comme sait si bien le faire Norek.
Mais pour moi, cela n'a pas fonctionné. Les références sont trop nombreuses  à mon goût et surtout disparates. Et même si le héros est ambivalent à souhait, fin stratège et charismatique, même si le thème abordé est en plein dans l'actualité, j'ai l'impression que ce roman n'est pas tout à fait abouti.
Cela ne m'empêchera pas de suivre cet auteur dont le talent reste indéniable. De nombreux élans, ainsi qu'une idée de départ géniale en témoignent, dans ce livre plébiscité par d'autres lecteurs.

La mauvaise herbe, Yves Montmartin


À travers l'histoire d'Amira et de Loubna, c'est l'Islam déraciné que nous découvrons. D'abord, nous les voyons grandir dans leur pays d'origine, l'Algérie. Et l'auteur nous embarque dans un florilège : nous explorons les coutumes, les sonorités, les personnalités de cette région. Le mariage, objet de toute les convoitises et de toutes les craintes, n'est cependant pas une obligation ici. La tante Nour, célibataire patentée, a sa place dans cet univers bien réglé. Mais pour Loubna et Amira, il en ira différemment : isolées en France, elles subiront la face cachée de la religion, capable de briser au nom des principes maritaux.

Yves Montmartin nous réjouit avec un voyage dans l'intimité de l'Algérie, mais à travers les désillusions des deux jeunes filles, il nous permet d'appréhender ce que vivent certains maghrébins qui ont échoué à emporter avec eux la bienveillance, la chaleur de coutumes ensoleillées et attentives, d'un pays à découvrir.
Un message adressé à ceux qui ternissent une religion qui devrait rester le socle vivant et humain qu'elle est dans cette région ou quand elle est pratiquée ailleurs à bon escient.
Un sacré périple, tragique et beau à la fois...

Trente ans, le bonheur m'attend, Marie Meyel

Thomas retourne à ses photos d'anniversaire pour y retrouver un semblant de vie, car Céline, sa compagne, a disparu, ainsi que son enfant. C'est l'occasion pour lui d'établir une nouvelle relation avec ses parents.

L'auteure nous entraîne doucement dans cette tragédie et nous découvrons les premiers pas de Thomas dans une reconstruction, tout en apprenant son histoire. Une vie banale somme toute, mais revisitée avec l'intensité creusée par l'absence. Ce roman est minutieusement construit, nous suivons Thomas avec compassion et de plus en plus vite, car nous nous sommes immergés dans son histoire.

La fin, émouvante, désarçonne. 

Un roman qui touche au plus près.

Les chaussures italiennes, Henning Mankell


Un homme doit vivre avec le souvenir d'une faute impardonnable et il se l'inflige, reclus sur son île jusqu'au bout de l'hiver. Quand enfin une visite surgit dans cet horizon immense et creux, il reconnaît celle qu'il a aimée. Du fond de sa déchéance inéluctable, elle vient lui faire une étrange demande qui va bousculer sa vie. Grâce à elle, il va prendre soin de celles qui comptent pour lui, tout en assumant l'insuffisance de ses tentatives à réparer ses manquements.

L'auteur plonge sans concession dans la médiocrité et la déchéance humaine. Parfois, il nous donne l'impression qu'il se perd un peu dans cette existence acétique. Mais l'abnégation avec laquelle son anti héros affronte l'insoutenable force le respect. Son récit est lent, à l'image de la vie qui passe. Ses sursauts ont sa force.


Le restaurant de l'amour retrouvé, Ito Ogawa


Ringo a perdu la voix, son compagnon (envolé), mais pas ses dons culinaires. De retour chez sa mère qu'elle avait fuie autrefois, elle décide de se donner à un restaurant bien particulier : il n'a qu'une seule table. Là, elle a pour seuls compagnons un ami d'enfance et la truie de sa mère dont elle doit prendre soin. Son obstination à vivre crée un tempo lent, mais régulier. La préparation de ses repas d'un genre particulier devient émouvant, d'autant plus qu'une légende se forme après que certains de ses convives ont vécu un évènement heureux dans les jours suivant ses repas.

Cette histoire insolite nous fait presque oublier que Ringo revient chez sa mère. L'auteure retricote peu à peu le lien qui a uni les deux femmes, tout en poursuivant la tragi-comédie de cette tranche de vie. Mais un drame surgit et ramène Ringo à l'essentiel. 

Un livre dont la simplicité cache une grande sensibilité.

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