Pour moi un livre doit établir une distance avec son auteur et, d'ordinaire, je lis peu de romans tirés de faits réels. Pourtant j'ai été
rapidement happée par cette histoire. Johann est un personnage attachant qui
interroge ce qui lui arrive avec humour et qui se remet en question avec
humilité. Et les références aux mots de Brel ouvrent cette odyssée moderne à la
poésie. Notamment, car ces péripéties sont aussi rapportées avec une justesse et un
décalage à la fois, qui offrent de beaux moments de lecture.
Et puis sous couvert de je-m'en-foutisme, l'auteur croque la vie à pleines
dents et regarde ses compagnons d'infortune avec une franchise détonante et
une forme de compassion. Si j'ai moins aimé le passage sur le deal de la
drogue, je reconnais que c'est suffisamment glaçant pour couper toute envie.
La fin est abrupte aussi, certainement parce que l'on prend conscience que l'on a
envie de connaître la suite des aventures. Avouons-le : je crois bien que je suis en train revoir mes a priori sur les écritures d'inspirations autobiographiques.