Les petits vieux dans l'arbre, Dominique Dejob

 

Floriane souhaite connaître l'histoire de son père construite autour de la haine de Louis, un mystérieux ami coupable de sa mort. Elle part sur ses traces avec toute la haine de sa mère, qu'elle a portée elle-aussi depuis longtemps. Mais aussi avec la volonté de savoir, de comprendre avec impartialité. Nous pénétrons alors l'univers d'un EHPAD décrit avec ses renoncements, ses peurs, ses émergences ultimes de vies cassées, ses efforts d'un personnel avec si peu de ressources. C'est dans ce décor que se construit la rencontre de Louis désigné comme assassin. Et peu à peu le combat de Louis pour conserver sa dignité se mêle à celui de Floriane pour rester humaine malgré le ressentiment qu'elle charrie. S'ajoute l'apparition d'un voisin qui pourrait bien avoir (ou nouer) un lien avec l'un et l'autre. Et le roman se déroule avec ses coups de théâtre et ses tranches de vie où l'on découvre l'humanité de ses personnages.

Une lecture à la fois instructive sur la vie en EHPAD, et entraînante, à la suite de Floriane, en quête de vérité.

La lettre à Helga, Bergsveinn Birgisson


Dans la lettre à Helga, le protagoniste s'efface tout en parlant du milieu auquel il s'identifie : une campagne rude, mais où il se sent vivant. À sa place. À tel point que certains passages pourraient sembler malsains, mais en fait il épouse l'élément champêtre sous toutes ses formes. Il ne développe que très peu de relations. Avec sa femme quand même, qu'il plaint. Et avec Helga à qui il adresse un ultime message qui retrace sa vie.

Une poésie se dégage de cette existence tellement entière. Une tragédie aussi. Car ce personnage criant d'humanité est toujours ramené à sa solitude.

Mon très cher cueilleur de rose, Christian Chavassieux


C'est avec gêne, hésitation et appréhension que la narratrice pénètre à Malvoisie, un domaine reçu en héritage. Et elle entre dans une relation compliquée avec Antoine qui entretient les cultures, voire la demeure avec dévouement. Et ce n'est pas tout : l'histoire de ce vieil homme incarne la face la plus sombre de la tragédie qui l'a cueillie dès l'adolescence. Cependant, écrivaine, elle surmonte son dégoût pour pénétrer le crime par une autre porte. Celle du coupable qui paye chaque jour. Lui aussi. Heureusement, en parallèle se profile une autre rencontre, toute en douceur celle-là.

Le style de l'auteur est précis et coloré. Il ose des mots et des tournures qui donnent une certaine érudition tout conservant une certaine fluidité. Un enchantement pour parcourir les affres de notre narratrice écrivaine, qui trouve aussi en la personne d'Antoine un contact salvateur dans sa quête de vérité et qui lui permet d'enrichir son expérience d'écriture.
Un livre fort.

Comme un coeur posé sur la mer, Gabrielle Blanchout


J'aurais bien aimé en savoir plus sur les personnages qui gravitent autour d'Hannah, peut-être même sur l'affreux qui lui a fait tant de mal. La fin est venue trop vite. Car j'ai pris grand plaisir à lire sa reconstruction : repartir à zéro en s'installant sur l'île de Groix, avec de nouveaux amis et un travail dans une librairie, cela pourrait être une situation rêvée, si ce n'est que Hannah revient de loin... Femme battue, elle a craint une grande précarité quand elle a perdu son moyen de subsistance au moment où elle fuyait la violence dont elle était victime. Il est vrai qu'elle se trouvait alors à Paris, où la seule personne qu'elle côtoyait était une collègue peu loquace.
L'héroïne est d'emblée attachante. Ses monologues intérieurs nous permettent de la connaître de près.
Un bon moment de lecture.

La route des lucioles, Kristin Hannah

 

L’histoire d’une amitié, avec ses jalousies, ses trahisons, ses bonheurs.

Kate vit dans une famille unie, alors que Tully essuie déconvenues sur déconvenues lors des rares apparitions de sa mère. Mais sa rage la conduit sur des chemins ambitieux, où elle croit tirer Kate. Mais celle-ci choisit sa propre voie tout en restant fidèle à son amie. Enfin jusqu’à un certain point…

L’auteure nous entraîne au cœur de la vie de ces adolescentes, puis nous les suivons dans la construction de leurs vies de femmes. Si la famille de Kate est un pilier de leur histoire, un homme y prend aussi sa place, pour diverses raisons. Les chapitres sont denses et l’aboutissement déconcertant. Nous passons par bien des sentiments contradictoires et des situations rocambolesques. Tully n’a pas froid aux yeux et Kate ne se laisse pas faire, finalement.

Un roman prenant oscillant entre légèreté et gravité.

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