La carte postale, Anne Berest


 Bien que son sentiment d'appartenance à la communauté juive soit dilué par des décennies d'abstention de toute pratique en famille ou ailleurs, la narratrice éprouve le besoin de comprendre ce qui est arrivé à ses ancêtres inconnus d'elle, disparus à cause de leur origine religieuse. Peu à peu, par bribes décousues, nous découvrons le traitement réservé aux juifs à travers le parcours d'une famille exilée de Russie jusqu'à la France, où le père espérait pouvoir s'établir avec sa femme et ses trois enfants. Si, malheureusement, nous avons tous reçu des informations parcellaires sur l'horreur de ces traitements, ici nous plongeons dans les détails de l'absurdité. Nous voyons le piège se refermer, et ce malgré le risque inouï pris par des personnes lambdas qui tâchaient de leur permettre d'éviter le pire.

L'autrice nous tient en haleine sur la simple question de savoir pourquoi ces noms figurent sur une carte envoyée à sa mère. Mais nous assistons finalement à la construction d'une identité. Cette femme effectue son devoir de mémoire. Bien documenté, ce récit illustre combien le diable est dans le détail, dans tous les sens du terme. Nous suivons aussi l'histoire touchante de Myriam, la grand-mère, et de sa relation avec les deux hommes de sa vie.

Même si le récit est un peu décousu, il vous mènera à un dénouement mêlant le destin d'une vie à celui d'un peuple, dont les traces, même ténues, gagnent à être mises au grand jour pour ne jamais oublier.
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