L'horloge de Tassin-la-Demi-Lune

Mathilde et Sylvain  retournent à la Duchère en traversant un monde dévasté, car l'eau est montée de cinq cents mètres. Mais, des joyaux demeurent :


— Il ne manquait plus que ça. Une voiture maintenant !

En entendant Tony conseiller d’ouvrir les portières pour la vider de l’eau résiduelle, je ne peux m’empêcher de m’approcher, mue par une curiosité… certes quelque peu morbide. Il se trouve qu’à l’exposition, j’ai rencontré un romancier opportuniste voulant créer une intrigue dans l’air du temps (ou plutôt à l’image de l’eau apocalyptique ?) et il m’a appris que les cadavres conservés dans l’eau ne dégagent pas de mauvaises odeurs corporelles. Il m’a même parlé de momies qui avaient engagé un processus de saponification après un séjour dans l’eau.

— Attention, c’est dangereux, Mathilde ! Le poids de l’eau…

Je recule, mais je reste derrière lui au cas où.

— Ok, je vous laisse faire, mais je suis juste curieuse : s’il y a un cadavre, j’aimerais voir dans quel état…

— T’es pas un peu malade !

En voyant sa consternation, je n’ose pas poursuivre. Heureusement, le déblaiement arrive bientôt à sa fin et nous pouvons repartir. Je reprends courage quand nous atteignons la mythique horloge de Tassin – qui en comporte en réalité quatre en haut d’une colonne d’une dizaine de mètres. Elle a perdu certaines de ses aiguilles, mais pas de sa superbe. Sûr de lui, Apollon auréolé de ces cadrans intemporels nous contemple avec son aplomb et sa beauté solaire. Nous approchons !

  Extrait de À la hauteur


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