Petit pays, Gaël Faye

Burundi, limitrophe du Rwanda, d'où vient sa mère ; Gaby est aussi français et pense que, lui et sa sœur Ana, ne sont pas concernés par le racisme entre Hutus et Tutsis, aussi absurde que l'importance que l'on accroche à la forme d'un nez. Lorsque les premières élections démocratiques ont lieu, il croit que c'est un espoir pour son pays. Il surprend avec étonnement une mise en garde de son père qui pressent que cet affront va se payer. Insouciant, il continue de grandir dans l'impasse, le terrain jeu qu'il occupe avec les voisins de son âge, Gino, Armand et les jumeaux.
Peu de descriptions, c'est l'ambiance, orageuse, que l'auteur essaie de capter. L'infamie des massacres finit par rattraper l'enfant, en particulier quand sa mère retourne au Rwanda pour retrouver ses cousins, sa tante, son oncle, après le génocide des Tutsis. Tout bascule. L'horreur traverse la frontière, vient jusque chez lui, entre ses amis. On ne sait plus où sont les limites.
Lorsque sa mère revient, enfin, elle est complètement différente, comme sortie d'un autre monde dont elle ne peut plus s'extirper.
Pour survivre dans ce monde désespérant, Gaby, se raccroche à l'amour platonique qu'il voue à Laure, une correspondante épistolaire, mais aussi à l'émotion qu'il tire de la lecture grâce à la bienveillance une voisine grecque, et à ce qu'il reste de ses amitiés d'enfance, broyées par un esprit de vengeance.

L'auteur distille d'abord son admiration pour son pays avant de nous entraîner, avec douceur, à garder les yeux ouverts devant cette chose incroyable qu'est la haine raciste. On gardera en mémoire la force de la jeunesse face à l'inacceptable. La vie demeure, envers et contre tout.

Le grand cœur, Jean-Christophe Rufin



Jacques Cœur, connu pour sa fortune et son influence, nous livre ce qui a donné sens à sa vie : l'amour sous les traits de sa femme légitime, Macé, et son amante presque platonique, Agnès, la favorite du roi.
Macé puise dans leurs richesses pour mettre en scène sa piété et asseoir leurs enfants à de nobles fonctions ; elle oublie volontiers les absences de son mari. Agnès lui apporte la douceur dont il a besoin.

Du fond du Moyen age, après l'exploit de Jeanne d'Arc, Jacques est aussi fidèle au roi, malgré lui. Malgré les bassesses qui le caractérisent. Il s’emploie à le conseiller et à remplir ses caisses. Pourtant c'est de cet illustre personnage que la déchéance viendra, aussi rapidement et aussi puissamment que la renommée qu'il a obtenue grâce à son poste inespéré d'argentier.
L'auteur nous entraîne dans un tourbillon de tractations à travers la France mais aussi auprès de ses partenaires, en Italie notamment, en Orient aussi. Nous croisons le Pape et les petites gens. Nous vivons au coeur des motivations du Moyen âge. Un magnifique voyage.

Dans le noir, Lara Elric


Panne d’électricité. Générale, irréversible.


L’anarchie règne.


Le groupe de voisins qui se forme autour d’Olivia survit tant bien que mal dans une banlieue parisienne. Deux éléments extérieurs : Antoine qui vient au secours de sa fille et de son ex-femme, et Julien, neveu d’un couple de retraités se joignent à eux. Compromissions et bagarres peu glorieuses leur permettent de se donner un avenir. Malgré tout. Et même d’élargir leur cercle, à une bande d’enfants des rues. 


Pour Olivia, c’est une renaissance d’autant qu’elle rencontre l’amour au détour de ces aventures.

En proposant des solutions pour faire face à cette situation tragique, l’auteure donne une vision originale de la société des villes et des campagnes. Les personnages évoluent avec courage dans des milieux agressifs. L’héroïne et son équipe grandissent et tissent de nouvelles relations ; ils apprennent à tirer eux-mêmes des ressources de leur environnement. 

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