Il y a en Simone Veil la trace d'une blessure qui la traverse de toute part... et qui lui donne une patience étonnante pour affronter les cas de conscience qui se présentent à elle. Elle s'est illustrée en défendant la loi IVG devant un parlement très masculin, avec un discours à la foi pragmatique et humain. Défenderesse de l'Europe, elle permettra aussi qu'une parole rigoureuse soit posée sur la Shoah, prenant garde à ne pas aggraver les soupçons d’antisémitisme qui pèsent sur la France en donnant aux Justes, ces Français qui ont caché des Juifs, la place qu'ils méritent.
Cependant cette autobiographie ne peut, du fait de ces activités, pencher vers le roman ou la littérature. Témoignage historique de grande qualité, cette vie-là ne s'autorise pas à donner de la place à la famille, aux proches, aux peccadilles du quotidien. Simone Veil garde manifestement une profonde affection pour les siens, même s'ils n'ont que peu de place dans les pages qui égrènent ses avis et ses réalisations, mais son cœur s'épanche d'abord sur les malheurs de l'humanité auxquels elle s'attaque avec détermination et méthode.