84, Charing Cross Road, Helene Hanff

Régulièrement, Helene incendie depuis l'Amérique la librairie anglaise qui lui fournit ses livres d'occasion. De même, elle s'insurge contre les conditions difficiles dans lesquelles vivent ses libraires... préférés... et leur envoie même des colis de nourriture: l'Angleterre des années 50 impose encore le rationnement.
Cette correspondance épistolaire qui s'établit entre le vieux continent et les États-Unis ne manque pas de piquant, et de tendresse aussi. Le livre y trouve sa place naturellement, en tant que témoin d'une relation qui s'établit entre les lecteurs et ceux qui permettent la circulation de cet objet très particulier.
Rythmée, cette histoire tisse avec finesse et humour des liens entre les deux continents. Un moment léger qui aborde des thèmes historiques et qui rend au livre broché toutes ses lettres de noblesse.

La papeterie Tsubaki, Ito Ogawa

Un style apuré, narratif, déroulant la vie d'une orpheline qui a décidé de commencer sa vie de jeune adulte en tant qu'écrivain public, dans la papeterie que lui a légué l'Ainée, sa grand-mère. Les jours s'écoulent au rythme des demandes : les lettres qu'elle doit écrire sont souvent des jalons cruciaux dans la vie de ses clients. Elles doivent signifier une rupture, dire une amitié, faire perdurer un amour... Hatoko, surnommée aussi Poppo, exécute son travail avec soin et savoir-faire. Elle a été à dure école avec sa grand-mère, elle comprend peu à peu que cet apprentissage lui ouvre les portes d'un beau métier. Seule, elle se nourrit des rencontres avec ses clients et des échanges avec une voisine amie.

La sobriété du style surprend, sa candeur émeut. Le parcours de cette jeune femme aux confins de cet héritage salvateur révèle une personnalité humble et vivante.

Adieu fantômes, Nadia Terranova


Ida ne vit que dans l'ombre de l'absence de son père. Seul son mari lui offre encore un appui, mais il a fallu élaborer une relation distante pour que cela puisse durer - cela dit, apurée, cette relation est devenue belle. Avec sa mère, elle n'a pas su établir un terrain d'entente, emmurée dans un ressentiment tenace : celle-ci l'a laissée s'occuper de Sebastiano, le père, alors qu'il ne sortait plus de son lit pour cause de dépression.

Le ton est oppressant à la limite de la folie, des rêves entrecoupent des scènes difficiles où Ida tente de reprendre pied dans l'appartement familial. Elle doit y faire des rangements, sa mère a engagé des travaux avant de mettre en vente. Ici, elle  a vécu des moments heureux qui se sont détériorés dans le temps jusqu'au brusque départ du père, toujours inexpliqué.

Certaines répétitions m'ont paru lourdes, mais elles reflètent bien l'état obsessionnel dans lequel se trouve l'héroïne, et sa douleur, l'auteure ne nous ménage pas. On sent qu'Ida s'est laissée piéger par son malheur. Comment va t'elle pouvoir avancer maintenant ? 

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