Insoutenable.
Les mots, d'ordinaire mes alliés, se sont retournés contre moi. Impossible de lire les sévices infligés à cette fille pauvre et abandonnée de toute part.
Je me pose une nouvelle fois cette question : était-il besoin d'aller jusque-là pour accrocher, hameçonner le lecteur. En tout cas, l'auteur a réussi à donner une image du mal à l'état pur, le tortionnaire est d'une cruauté sans faille, un diable entouré de ses sbires, si violent qu'à son contact, l'indécision ne peut que devenir lâcheté.
Cependant, des éléments mystérieux et l'élégance du style m'ont conduit à renouveler ma lecture. La famille de la victime et le narrateur, magistralement traité, m'ont invitée à ouvrir les yeux, à accepter les mots de cette fille devenue femme malgré elle, enfin pas tout à fait... Heureusement, sa désobéissance lui offre une minuscule porte de sortie, un échappatoire inattendue dans la noirceur de son destin.
Par ailleurs, les mots qu'elle dépose peu à peu prennent chair, insufflent une nouvelle vie à ce corps qui ne peut plus lui appartenir, lui donnant une force qui la maintient en vie.
Captivant.
La construction, le dénouement...
Dérangeant, un peu trop cru pour moi.
Mais une façon aussi certainement de se battre contre la violence.