Le bonheur n'a pas de rides, Anne-Gaëlle Huon

 

Madame Paulette est un personnage malicieux qui complote encore malgré son grand âge. Et lorsqu'elle débarque par malchance dans une auberge où elle doit partager le quotidien des pensionnaires et du personnel, elle se comporte comme une vieille harpie, sénile de surcroît.

Nous nous attachons à cette vieille dame et j'ai presque regretté qu'elle s'adoucisse au fil des pages. Mais nous rentrons aussi dans l'histoire des personnages secondaires traités avec un respect appuyé. L'auteure donne aussi du « monsieur » à Georges et Yvon. Le premier cache un secret que notre héroïne s'acharne à percer. Le second, restaurateur au grand cœur, fait face à des menaces extérieures. Les énigmes de leurs vies et celles des jeunes femmes à leur service donnent un peu de sel aux mésaventures de notre Paulette.
Le récit passe du drôle au tendre. Même si je ne suis pas tout à fait rentrée dans ce microcosme, j'ai eu envie de connaître chacun de ces personnages et de savoir comment Paulette s'adapterait à ce coup du sort.

La Déraison, Agnès Martin-Lugand

 Maddie se meurt et Joshua veut abandonner la vie. Ils aiment leurs enfants, elle : Lisa qui se prépare à vivre sa vie d'adulte sans mère, lui : Nathan qui ne connait pas les desseins de son père.

Pour Lisa, Maddie accepte de retourner sur le lieu de sa rencontre avec Joshua. Là-bas, elle devrait pouvoir lui dévoiler l'insensé, que seul son mari devenu tendre ami connaît. Joshua lui n'espère plus revoir celle qu'il a tant aimé.
J'ai été prise par ces sentiments purs et forts qui écartèlent les deux protagonistes ou qui les portent, c'est selon. 

J'ai été entraînée par le rythme lyrique de l'auteure qui respire au rythme de ses personnages.

Un sacré moment de lecture.

Je me souviens, Carine Alexandre


 Madeleine a vécu une vie qui se forge dans une demeure bourgeoise de Nice dans l'entre-deux-guerres contre les principes de bienséance de sa caste, tandis que Marthe, sa jumelle, s'y plie avec abnégation. Bravant les interdits notamment en s'autorisant une sexualité en dehors de tout mariage, elle doit partir aux Etats-Unis alors qu'elle est toute jeune adulte. Là elle mène une vie à deux facettes. Elle profite de sa rente substantielle tout en se déguisant pour approcher les classes mal loties. 
J'ai sauté quelques passages à un moment où l'histoire me semblait-il se perdait un peu sur le thème de la pauvre jeune fille riche qui souffre de son succès. Mais j'ai beaucoup apprécié sa relation très respectueuse avec Marthe et sa vieille tante. J'ai aimé découvrir ses engouements et ses nombreuses histoires d'amour. Un roman pourvu d'une belle écriture et qui nous plonge dans les vicissitudes d'une autre époque, tout en nous réjouissant du courage de notre héroïne.

Appelez-moi César, Boris Marme


Difficile parcours dans les déviances d'une adolescence éclair qui, au lieu de construire l'adulte, l'a lesté à tout jamais d'un poids, d'un apprentissage destructeur et fascinant à la fois. Étienne sort à peine d'une enfance bourgeoise quand il rencontre les gars de la Sauvegarde, en particulier Jessy, un agitateur charismatique qui dépasse les limites avec un plaisir malin, sous couvert d'une sorte de désespérance provocatrice.
L'auteur nous fait pénétrer dans un cercle vicieux où le groupe crée une émulsion galvanisante. L'idée est de devenir quelqu'un d'endurci. Le problème est que cette prise d'autonomie, d'affranchissement, se fait comme il se doit en niant toute autorité, mais aussi dans une anarchie la plus totale, la plus cynique.
C'est l'histoire d'une descente aux enfers, heureusement écrite au moment - enfin atteint ! - de s'en délester. J'ai eu d'abord la désagréable impression que le narrateur cherchait à se dédouaner de son manque de discernement passé. Finalement, j'ai découvert un homme qui regarde la réalité en face, qui accepte, sans le cautionner, l'infime incontrôlable à l'origine du basculement.

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