Nous entrons d'abord au cœur d'une dystopie dont Jake, spécialiste des arbres
(dendrologue), est le personnage central. Endettée, elle anime des visites dans
l'un des rares lieux où l'on peut encore espérer que la Terre puisse rester un
lieu de vie pour les êtres humains.
Parce qu'il y a des arbres.
Les arbres, on les retrouve dans la vie d'Harris et Everett, orphelins des
années trente. Pour l'un, ils permettront un succès fulgurant ; pour l'autre,
ils ne sont qu'une planche de salut pour le sortir de situations
inextricables. Bien qu'Harris détruise les arbres pour s'enrichir, le récit de
sa vie reste touchant, notamment au travers de l'acceptation de son
homosexualité notamment grâce à un Irlandais qui se fait "descripteur" de ce
qui l'entoure, car, adulte, il ne voit plus. Everett, lui, nous entraîne dans
une fuite pour sauver sa peau, mais aussi celle d'un bébé qu'il a recueilli
malgré sa précarité, avec le journal intime de sa mère... Et ici commence l'arbre généalogique de Jake, que l'on
redescend peu à peu, en passant notamment par Willow, une femme attachante et
ambiguë à la fois, car elle impose la misère à son enfant pour suivre ses
propres convictions, incluant la préservation des arbres alors qu'elle
aurait pu bénéficier de la fortune d'Harris.
Une saga prenante. Dense pour ce qui est du passé de la famille de Jake, dans
lesquels je me suis parfois un peu perdu, mais toujours avec l'idée que ce
détour finira par donner un avenir à Jake. Les protagonistes ont de fortes
personnalités, mais j'aurais aimé que l'on suive aussi Jake un peu plus
longtemps pour découvrir comment fonctionne l'envers du décor de la forêt de
la dystopie. Cependant, je garde en tête la mise en garde sous-jacente de ce
récit qui fait de l'arbre le centre de la préservation de nos sociétés.
Un livre dont je me souviendrai, même si je crois que nous parviendrons à
mieux protéger les arbres que dans cette dystopie, peut-être justement grâce à
ce genre de roman...