Extrait - Résurgence d'un cœur oublié

Nous sommes à un point crucial dans le stratagème monté par Jean-Pierre à Las Vegas, la ville scintillante et de tous les extrêmes. Un dernier obstacle se dresse, qui pourrait être fatal à son plan...



Jean-Pierre se mit à arpenter les rues. Les lumières baissaient ; des ombres étiraient les angles des gratte-ciel bigarrés. De l’audace : cette ville avait de l’audace, osant plagier et mélanger tout ce qui pouvait attirer l’œil des citoyens du monde. Ici, chaque continent était représenté en un décor fourre-tout, animé de touristes enfiévrés, et il s’amusa de la sensualité qui s’offrait avec effronterie. La seule contrainte qu’il s’imposait était de ne pas pénétrer à l’intérieur d’un casino. Simplement, au bout de ses pérégrinations qui durèrent quelques heures, il se sentit désappointé : cette ville était dénuée de cœur. Ou bien il ne l’avait pas trouvé. Vers 22 h, il se dirigea vers l’endroit où il devait passer la nuit. Un peu déconcerté, il accéléra le pas, lassé du spectacle. D'autant plus qu'ici, il était peu probable qu’il fît une rencontre qui agrémenterait sa soirée.

Il s’arrêta net sur le tapis qui menait aux chambres : il n’avait pas prévu qu’il trouverait des machines à sous jusque dans le hall de l'hôtel. Interloqué, il observa pendant un long moment une Américaine plantureuse, happée par les images synthétiques, qui lui délivreraient peut-être un gain providentiel. Il s’immobilisa. Il savait que s'il glissait ne serait-ce qu'un dollar dans une machine, l'engrenage du jeu s'enclencherait. Et il ne pourrait pas y résister. L'argent qu'il avait subtilisé devait lui permettre de réussir un grand chelem, pas de s’amuser !

En quittant sa machine, la joueuse lui fit signe de prendre sa place et lui adressa un clin d’œil en déplaçant ses masses vers l’escalier salvateur ; il fit un pas dans le mauvais sens. Une partie n’aurait aucune conséquence, personne ne le saurait. Juste une malheureuse petite partie. Quand il déclencha le deuxième jeu, il ne réfléchissait déjà plus. La main sur la manette, les pièces et les billets à l’intérieur de la poche, il était prêt. Les minutes s’enchaînaient, mais le temps s’était arrêté.

Stylisme : un milieu fascinant, complexe... et romanesque !

Stylisme dans le roman



Mes livres sont l'occasion d'exploration : ici Résurgence d'un cœur oublié m'a fait entrer dans le domaine du stylisme par une porte dérobée, grâce à au témoignage d'une jeune femme fragile, avec qui j'ai partagé le parcours d'un accompagnement, pour chômeurs en quête d'un nouveau travail.

Défilé fashion week New York
L'équilibre délicat du métier de styliste

L'univers du stylisme est un monde fascinant, où la créativité guide les pas de l'artisan, mais où les réalités économiques dictent souvent leur loi. Ce métier, bien au-delà du simple coup de crayon, requiert à la fois de l'inspiration artistique, mais aussi une faculté à s'adapter aux impératifs de production et de commercialisation.

De l'inspiration au produit : le processus de conception

crédit photo : Christopher Macsurak

Dans l'extrait qui suit, nous plongeons au cœur de cette dualité. Nous suivons Léonie, une styliste qui, après avoir imaginé le tissu de sa nouvelle collection, reçoit le premier échantillon. Cette scène est une illustration de l'équilibre délicat que les professionnels du stylisme doivent constamment trouver : transformer une vision audacieuse en un produit désirable et rentable.

L'Eté à l'oeuvre, Marie Rozenn Brard

L'Eté à l'oeuvre

Elsa aurait pu rester dans son confort de jeune adulte conventionnelle, mais elle préfère tenter l'inconnu avec Yann. Avec lui, elle découvre la vie en communauté. Et Napo. Et la vie au quotidien dans le bateau construit dans le cadre d'un projet de remise à flot. Ou plutôt la remise à niveau d'individus errants qui tisse un lien tenu et leur permet de vivre une vie la plus indépendante possible. Jusqu'à construire les bases d'un tiers-lieu qu'ils régissent et animent à leur façon.

Un roman déroutant où la vie se faufile entre les lignes, dans une apparente misère, traversée  de liberté.
À découvrir.

De sable et d'eau, Pascal Ruter

De sable et d'eau, Pascal Ruter

Un roman lu d'une traite.
Axel ressent du dégoût pour son père qui a attaché sur une aire d'autoroute le chien dont il prenait soin, parce qu'il a vomi dans la voiture. Le père avait demandé que la bête ne fasse pas partie du voyage vers les trois semaines annuelles de vacances dans un bungalow, rituel immuable pour faire face aux difficultés de l'année.
Grâce à l'intervention de Nelly, une vacancière amie des parents, Axel évite de peu la honte infligée encore par son père qui raille les sentiments découverts dans des poèmes écrits dans sa chambre. Alors quand il la découvre en train de recevoir des coups de son mari, c'est tout naturellement qu'il prend sa défense.
Quand l'événement vire au drame, Axel est déboussolé : il ne sait plus démêler le bien du mal.

En quoi la littérature et plus particulièrement l'éco-fiction peut nous amener à agir différemment pour la nature ?

littérature se positionner dans la nature

Réfléchissons aux livres qui nous ont apporté la nature sur un plateau, soit pour réfléchir à ce que nous en faisons, soit plus simplement, pour plonger dans un décor où le narrateur se sent à son aise, voire dans une nature qui garantit des ressources essentielles. Ici je traiterai de l'éco-fiction au sens large, en m'appuyant sur des livres où la nature joue un rôle primordiale, sans que l'intention de l'auteur soit forcément de sensibiliser aux enjeux écologiques. 
De mon côté, l'éco-fiction est un genre nouveau dans le lequel je me suis lancée pour l'écriture de À la hauteur. Il me paraît important de développer l'impact de la lecture pour une meilleure connexion à la nature, car le sujet des urgences climatiques devient de plus en plus anxiogènes et qu'il n'est pas facile de se positionner face à ces exigences.

Des cadres bucoliques aux mondes extrêmes


Une histoire est placée dans un cadre plus ou moins bucolique qui nous permet de nous transporter dans tel ou tel milieu naturel. Dans L'enfant et la rivière de Henri Bosco, Pascalet découvre l'univers enchanteur et inquiétant de la rivière à ciel ouvert. Ici, la nature a des vertus éducatives. Dans le roman de Sandrine Colette, Madelaine avant l'aube, les villageois, sous le joug d'un seigneur autoritaire, n'ont d'autres ressources que celles tirées de la nature, pour lesquelles le tyran leur a d'ailleurs octroyé de bien maigres droits. La nature est scrutée pour en tirer un maximum de profit, elle octroie des années de vie difficile.

Reconstruire l'humanité : le post-apocalyptique comme espoir


D'autres histoires se placent dans des situations plus imaginaires et encore plus extrêmes comme le roman de Marie Pavlenko Et le desert disparaîtra. Ici, la jeune Samaa, personnage touchant qui trouve sa voie dans l'aridité du désert - et même ouvre une possibilité pour les siens -, vit une expérience initiatique prenante. Sa tribu doit filtrer sa propre urine pour avoir de l'eau, ce qui n'est pas d'ailleurs sans rappeler le distille d'une fiction célèbre que certains d'entre vous connaissent, j'en suis sûre... : Dune de Frank Herbert. 

L'humain d'abord

Ces histoires extrêmes n'ont pas d'abord pour fonction de nous enseigner comment utiliser les ressources naturelles ou à nous apprendre des techniques de survie. Elles nous invitent plutôt à nous positionner par rapport à la nature, possiblement en prévisions d'événements naturels à venir, mais pas forcément non plus. Finalement, si la nature prend une place dominante, les personnages, qui guident le récit, sont bien des êtres humains. 

Le pouvoir de l'imagination

En quoi ces lectures nous préparent à mieux réagir aux besoins de notre environnement ou à affronter des catastrophes naturelles potentielles ? La littérature de fiction, voire de science-fiction, fait appel à notre imagination pour nous amener à déterminer ce qui nous paraît finalement justifié. Peu importe qu'il s'agissent de situations possibles, l'idée est d'entraîner notre imagination, un peu comme un muscle, pour approcher de plus en plus près ce que nous comprenons, ce que nous jugeons crédible, ce que nous envisageons. Elle nous amène à nous demander ce que nous considérons comme juste ou acceptable. En d'autres termes, elle nous prépare non pas à affronter la catastrophe, mais à y réagir avec nos valeurs.

A la hauteur : une écofiction cosy post-apocalytique

Au-delà de la catastrophe : la résilience matérielle et sociale


A la hauteur, Mélinda Schilge

En ce qui me concerne, j'ai travaillé avec des astrophysiciens et divers scientifiques pour examiner comment les évènements de mon livre À la hauteur pourraient se produire. J'ai choisi de garder mon hypothèse fictionnelle même une fois que j'ai établi qu'il est impossible que ces évènements se réalisent comme je les ai imaginés. Ceci contre l'avis d'un certain scientifique connu... En effet, À la hauteur n'a pas pour objet d'aboutir à une publication scientifique. D'ailleurs, une fois l'histoire établie dans un milieu devenu a priori hostile, je propose avant tout une reconstruction tant sur le plan matériel que sur le plan sociologique. Mon roman qui pourrait être de prime abord classé en post-apocalyptique est finalement un cosy post-apocalyptique. Il s'agit de centrer le déroulement de l'histoire sur la reconstruction et cette reconstruction passe par un lien retissé avec la nature, mais aussi par un lien au sein de la nouvelle société qui émerge de ce chaos, dont il faudra par ailleurs déterminer les nouvelles règles. 

Modernité et écologie : un équilibre possible


Une remarque à ce sujet : dans mon roman, il ne s'agit pas de rejeter la modernité. Si dans mon récit, il n'y a plus ni Internet, ni l'électricité, le besoin en énergie et en moyens de communication est toujours là et il est toujours souhaitable de remettre en route les différents réseaux... peut-être en réfléchissant autrement. J'ai pris l'hypothèse que, par exemple, on ne chercherait pas forcément à relancer le nucléaire. Quant au besoin de transport ou de communication, on réhabilite des moyens du passé. Pourtant, par exemple, la remise en route d'Internet à terme ne paraît pas illogique. Toutefois, on le relancera probablement d'une autre manière.


Les convictions de l'auteur derrière le récit


Chaque auteur, aussi imaginatif soit-il, s'appuie sur un modèle. De mon côté, au-delà des reconstructions proposées, j'ai écrit mon livre avec des convictions écologiques. D'ailleurs, au départ, j'avais l'intention d'organiser cet atelier en partenariat avec l'AMAP de la Duchère. Je suis convaincue que cette association et le mouvement écologique en général portent des solutions saines et de bon sens. D'ailleurs, pour ceux qui voudraient en savoir plus sur le fonctionnement de l'Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne, des flyers sont à votre disposition. 
Finalement, j'ai pris conscience que le lecteur de A la hauteur pourrait être amené, à partir de sa lecture, à appréhender différemment les scénarios inattendus que nous pourrions vivre, à mieux se préparer à des bouleversements potentiels. Et c'est aussi dans cette optique que j'ai tout de même pris soin, en postface, de détailler et de documenter ce qui pourrait être possible et ce qui reste impossible - ici, contre l'avis de ma relectrice préférée. 

Cependant, je conclurais avec un conseil de F. Herbert, rapporté dans un podcast de Radio France qui, plutôt que de prôner des préceptes écologiques, incite à la prise de conscience personnelle : N'abandonnez pas toutes vos facultés critiques face aux personnes au pouvoir, peu importe à quel point elles semblent admirables. C'est bien l'objet de la saga célèbre Dune, qui a traversé les dernières décennies. Ayons confiance dans les scientifiques et les politiques qui travaillent sur la protection de la nature, mais aussi en nos intuitions, aux grains de sable qui constitueront des solutions au bout du compte.




J'espère que ce détour sur l'une des fonctions de la littérature, qui nous invite à trouver notre place et notre rôle au sein de la nature, vous donnera de nouvelles clefs de lecture. Pour moi, l'éco-fiction n'a pas vocation à nous proposer des leçons d'écologie, mais plutôt à affiner notre perception de ce que nous sommes et devons être à l'égard de la nature. Je me souviens de mes cours de philosophie où l'on parle aussi de nature... humaine... Cependant, je risque de nous perdre si je m'avance dans cette voie. Cela dit, je pense que l'éco-fiction, en parlant de la nature qui nous entoure, nous parle aussi de nous ! Et elle peut être un outil pour mieux affronter les urgences climatiques.

Prochainement : je vous propose une rencontre sur l'écofiction et l'écriture indépendante ou auto édition à la bibliothèque de la Duchère, Lyon 9, le 15 novembre ! 🗓️


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