C'est un double récit d'une cruelle actualité, même si l'auteur s'attache à remonter le temps pour retracer le parcours de Mohammad et le sien en parallèle. Ce dernier est presque devenu un membre à part entière de sa famille depuis que sa mère l'a recueilli. Cependant, il est d'abord question de Trump et de l'installation d'un migrant afghan en France.
Si Trump suscite en France une exaspération assez consensuelle, il n'est pas
si évident pour des Français de savoir comment traiter les migrants, et en
particulier ceux d'Afghanistan. En premier lieu, l'auteur doute que la venue
de Mohammad soit une bonne chose pour sa mère, elle qui vit seule dans une
grande demeure parisienne. Elle-même applique les précautions d'usage avant de
se lancer dans cette aventure. Et une fois que l'acceptation totale et entière
est acquise du côté de la mère et de son fils, alors celle de notre jeune
migrant met du temps à se construire. L'évidence n'est pas immédiatement
établie et c'est ici que commence réellement l'aventure. D'autant plus que,
pour le narrateur, jeune cinéaste new-yorkais, c'est l'occasion d'écrire une
histoire comme pour la création d'un film. Il s'agit de recueillir le récit de
Mohammad le plus justement possible, mais aussi d'en saisir le drame et les
possibilités de résolution.
Un coup de maître, ce questionnement.
A priori, je ne suis pas adepte des biographies, mais l'auteur sait nous
parler des autres, du monde qui nous entoure en s'attachant à démêler ses
sentiments à propos de cette affaire familiale.