Quand Enaiat peut enfin s'octroyer un plaisir d'adulte, à savoir dépenser pour autre chose que sa survie, il s'offre... une montre. Une tentative de maîtriser le temps volé à son enfance, brutalement interrompue par son abandon ? L'enfant n'a pas d'autre choix que de s'exiler, pour s'éloigner de l'Afghanistan, où - sa mère ne le sait que trop - les talibans et les Pachtounes exterminent son ethnie. Il fait preuve de courage, d'ingéniosité, d'optimisme et de clairvoyance : le petit homme sait qu'il faut avancer jusqu'à ce qu'il trouve un endroit où il pourra vivre, simplement vivre, plus survivre.
L'auteur nous décrit ce périple, entrecoupé ça et là du propre discours du rescapé. Le récit est factuel, il se suffit à lui même : l'histoire est prenante, nul besoin de fiction. Contemporaine, cette biographie étonnante nous éclaire sur le parcours d'un jeune migrant, sans apitoiement. A la fois tragique : Enaiat a enduré des angoisses et des souffrances intolérables, mais aussi chargée d'espoir, elle nous permet de donner un visage à une actualité brûlante.