Éditeur, c’est un métier mais aussi un talent.


Que vous ont apporté vos éditeurs ? Qu'est-ce qui est nécessaire pour un
travail d'édition de qualité ?


Une auteure connue de chez JC Lattès (qui a souhaité garder l'anonymat) a répondu à mes questions. Son point de vue, étayé et bienveillant, est précieux, même pour des auteurs indépendants, car dans le fond, n'avons-nous pas tous des morceaux de talents d'éditeur à partager ?


Avoir un bon éditeur à ses côtés est indispensable. L’éditeur apporte non seulement une vision à long terme sur le chemin à parcourir, le potentiel de l’auteur, mais aussi à très court terme, sur les textes à publier. Éditeur, c’est un métier mais aussi un talent. J’ai eu la chance d’être accompagnée par des éditeurs très doués depuis mon premier roman. Un bon éditeur travaille sur la forme et sur le fond du texte.

Sur la forme, c’est assez évident, ils repèrent les tics d’écriture, les erreurs de syntaxe, les répétitions, les tournures inappropriées, le choix de mot qui va constituer un frein à la lecture pour diverses raisons, mais aussi un problème de rythme, de longueurs, que l’auteur lui ne peut voir, manquant de recul.

Sur le fond, il va repérer les problèmes de structure dans la narration, les chevilles manquantes, ou au contraire ces moments où l’auteur souligne trop, « flèche » en quelque sorte son discours, si bien que le lecteur peut avoir le sentiment qu’il le prend pour un idiot. Il repère qu’un personnage n’est pas assez ou bien trop développé, les incohérences dans les discours, dans les temporalités, etc. L’auteur est tellement plongé dans son texte, son histoire, il ne peut avoir conscience de cela. Souvent, l’auteur écrit trop. Embarqué par son inspiration, il développe des histoires, intrigues secondaires, des personnages parallèles qui affaiblissent la narration. C’est à l’éditeur de repérer tout cela, et de lui proposer des coupes, ou en tout cas de resserrer son histoire. Combien de fois avez-vous lu un roman et pensé, il y a 30 pages de trop ? Combien de fois avez-vous trouvé un personnage trop superficiel ? Ou bien détecté que certains de ses comportements étaient en contradiction avec sa personnalité ou son vécu ? Ces textes ont tout simplement été mal édités.

Dans certains cas, l’auteur entre en dialogue avec son éditeur tout au long du processus d’écriture, et cela lui permet de clarifier ses idées, les trajectoires de ses personnages, c’est un ping pong créatif. Ce n’est pas mon cas, je travaille seule sur un premier jet, mais je sais que pas mal de mes confrères et consœurs travaillent ainsi.

Enfin, un bon éditeur prend fait et cause pour votre livre, il s’engage, le défend, le porte au moment de sa sortie, soutient l’auteur.

Voilà ce que je peux vous dire rapidement. En vous souhaitant à tous de beaux moments d’écriture...



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