Les déraisons, Odile d'Oultremont


Si Adrien plonge dans la poésie en découvrant le vide de sa vie professionnelle, Louise elle a beau vivre d'une drôle de façon, elle ne parvient pas vraiment à écarter la tragédie qui s'abat sur elle. 

Deux destins croisés. Un amour qui brûle encore et toujours. L'auteure attaque la réalité par un angle de travers. Bizarrement, j'ai préféré l'univers d'Adrien qui met en avant les bizarreries de l'entreprise que celui de Louise. Peut être parce que j'avais l'impression d'un déjà-vu. Ah Boris Vian, pas sûre que je te relirais aujourd'hui, mais je me souviens encore de mon émotion à découvrir ton Écume des jours...

La poésie est un combat. Enfin presque, parce qu'elle s'essouffle ici un peu, dans la noirceur de la maladie. Cependant, la constance des sentiments d'Adrien la rend belle. Toujours.

Devine qui est mort ? Frédérique Hoy

 


Efficace.

Une histoire qui vous embrasse, vous fourvoie. On est tout entier derrière Albane parce qu'elle a aimé.
Puis peu à peu de dessinent les détails sordides de maltraitances, voire pire... La douleur monte crescendo, comme un orchestre qui gronde puis éclate, flamboyant. Quelques félicités apparaissent aussi, comme une trille de flûtiste, un métier qui a permis à Albane de garder la tête hors de l'eau après tout ce qu'elle a enduré.
La fin est inattendue (charme de l'édition indépendante ?) et dérange aussi...
Une livre d'une grande force.

Nous étions faits pour être heureux, Véronique Olmi

Serge chavire. D'abord en laissant libre cours à un désir insensé, celui d'une femme, Suzanne, l'accordeuse de piano. Ce faisant, il accepte de faire face à ses mensonges, à l'illusion d'une vie de famille à laquelle il n'a pas pris part. Sans violence, il se détache peu à peu de Lucie. Il ne conteste pas la chance qu'il a eu d'être son mari, mais quelque chose d'imperceptible a changé depuis que Lucie a voulu faire accorder le piano pour leur fils, Théo.
L'auteure nous entraîne dans une quête de vérité, certes confuse, mais avec toute la douceur possible d'un homme qui se cherche enfin.

Je me suis d'abord perdue dans le flot de ces lignes, puis j'ai remonté le fil de l'émotion. Je reste un peu dubitative, mais j'ai trouvé une beauté dans cette histoire tragique.
 

Lucie Desbordes : une expérience éditoriale dans une maison spécialisée puis chez Anne Carrière



Ici vous découvrirez le parcours de Lucie Desbordes en podcast, ainsi que son roman Solitudes mineures. Elle nous dit comment son implication avec ses personnages lui a permis d'avancer, mais aussi les coupes imposées par ses éditeurs.

J'irai lire chez vous - épisode 5

Dis-moi pourquoi

 

Sarah et Alex sont aussi étonnés l'un que l'autre de s'être rencontrés, étant aussi peu sûrs l'un que l'autre de pouvoir aimer. Évidemment, des obstacles les mettent à l'épreuve : le passé d'Alex, la sœur de Sarah, avec ses idées déjantées et égocentrées. Cependant, ils avancent, maladroitement, certes, mais toujours portés par ce sentiment qui les embrase tout en les rendant plus fragiles.

Les livres de Ninon Amey m'offrent une détente bienvenue. J'ai retrouvé ici la recette qui me réconforte : un livre bien écrit, bien construit, dont on a envie de connaître les personnages et pour qui on espère le meilleur.

Suiza, Bénédicte Belpois


La soumission de Suiza issue des violences qu'elle a subies (dont on ne sait d'ailleurs pas grand chose, comme si elle représentait une allégorie de la violence sous toutes ses formes, en commençant par les violences sexuelles car elle a le tort d'être belle), cette soumission donc révolte tout autant que la violence innée de Tomas, forgée par un monde rustre et machiste d'un village perdu d'Espagne.

Et pourtant une beauté se dégage de ce texte, car la violence n'atteint plus Suiza, et que l'amour s'invite dans ce lieu désolé, dans ces cœurs tellement desséchés qu'on aurait pu penser que plus rien de bon ne pouvait advenir. 

Un livre dérangeant, mais fort aussi.

Éditeur, c’est un métier mais aussi un talent.


Que vous ont apporté vos éditeurs ? Qu'est-ce qui est nécessaire pour un
travail d'édition de qualité ?


Une auteure connue de chez JC Lattès (qui a souhaité garder l'anonymat) a répondu à mes questions. Son point de vue, étayé et bienveillant, est précieux, même pour des auteurs indépendants, car dans le fond, n'avons-nous pas tous des morceaux de talents d'éditeur à partager ?


Avoir un bon éditeur à ses côtés est indispensable. L’éditeur apporte non seulement une vision à long terme sur le chemin à parcourir, le potentiel de l’auteur, mais aussi à très court terme, sur les textes à publier. Éditeur, c’est un métier mais aussi un talent. J’ai eu la chance d’être accompagnée par des éditeurs très doués depuis mon premier roman. Un bon éditeur travaille sur la forme et sur le fond du texte.

Les vaisseaux du coeur, Benoîte Groult


George croit qu'elle sortira indemne d'une passion amoureuse et charnelle en préservant sa clandestinité. Elle ne souhaite pas s'établir avec Gauvin de peur que ce marin rustre ne trouve pas sa place dans sa vie de femme cultivée, où plutôt de peur qu'elle ne puisse plus l'aimer.

Alors ils se consument soit lors de retrouvailles fusionnelles qu'ils passent au bout du monde au gré des escales du marin, soit lorsqu'ils patientent loin l'un de l'autre.

Je n'ai tout à fait été conquise par le personnage de George, même si son honnêteté, sa légèreté et son envie de vivre séduit. Mais l'auteure traverse ses ambiguïtés avec constance et couvre Gauvain d'un regard de tendresse. Son écriture est sûre, libre et elle nous entraîne dans son récit.


Messages les plus consultés